Lettre à/de Naples rugissante

Certaines villes donnent envie d’écrire. On aimerait pouvoir les capturer, restituer par les mots les sentiments et sensations qu’elles font naître en nous. Naples en fait partie. Je ne m’y attendais pas : Naples ne se laisse pas aimer au premier regard. La poussière, la lumière, le klaxon entêtant, presque abrutissant, les scooters avec ou sans casques, zigzaguant dans le lacis de ruelles sans jamais s’arrêter, obligeant les piétons à s’imposer, les bras en T pour pouvoir se frayer un chemin. Les effluves de friture, de pollution, de pizza, parfois balayées par l’air iodé, l’absence de silence et si l’on pousse certaines portes, les cours, palaces décatis ou surprenants de grandeur comme le Palazzo delle Spagnolo. Naples fatigue et ravive. Elle est à la fois grandiose, grande gueule et délabrée, épuisante et galvanisante. Bruyante, fière, vivante jusqu’à l’excès. Je crois que c’est justement pour cela que je l’ai aimée : sa capacité à rester elle-même, debout et fière, résistant aux sirènes rugissantes de l’uniformisation. 

PS qui a son importance : parler de Naples sans évoquer sa cuisine revient à passer à côté. Ses traditions culinaires bien distinctes vous feront naviguer avec grâce du bacalau au baba, de la pizza à sa version frite, en passant par quantité d’autres et en finissant par un limoncello. Je termine ce post par un mini guide d’adresses où faire honneur à la Naples qui se mange. 

Mimi alla Ferrovia 

Tartare de poissons, caponata, linguine alla vongole ou à la fleur de courgette et aux moules. Tout est bon. La preuve : les habitués s’y bousculent depuis XXX années. Service habillé à l’ancienne, mais un peu pressé. Réservation impérative.

La Bufala 

Une épicerie fine où mozzarella di bufala, bresaola et autres joyeusetés appellent à l’excédent de bagage ou au pique nique à Sorrente, Ischia, Procida... Partout où l’envie du jour (et la mété) vous mènera.

Pasticceria Capriccio di Capparelli

Les vrais amateurs de cette brioche vous le diront : le parfait baba napolitain n’est ni trop sec ni trop spongieux. On en goûte dans cette pâtisserie familiale la meilleure version. Il y a deux adresses. Celle qui est indiquée ici (Via Carbonara, 39) est moins centrale mais plus locale... 

La Taverna di Santa Chiara

Des pâtes servies sans aucun artifice ni cérémonie mais cuisinées avec cœur. Si bonnes qu’on jurerait qu’elles guérissent toutes les peines. Je garderai longtemps le souvenir cette pasta à la sauce tomate. Et l’addition ? Si démocratique qu’on serait tenté de doubler son plat (Ah, si le savoir-vivre ne nous en avait pas empêché…). Format mouchoir de poche oblige, réservation conseillée.

Spazio Nea

Rien à manger ici mais les très bons cocktails, les bonnes ondes et la vue sur la Piazza Bellini compensent largement ce petit défaut. Si l’humeur appelle à un peu de musique, Vesuvius Soul Records est tout indiqué. Ce disquaire se transforme en bar à la tombée de la nuit et on y boit en rythme sur une jolie terrasse.

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